Sensations Orphelines

2017, installation vidéos sur 6 TV et 8 casques audio, 1h16.

Durant 9 mois, j’ai filmé et accompagné mon grand-père, Antoine Paltrinieri, jusqu’à sa mort. Immigré italien, il me racontait sa jeunesse à Modène puis à Vallauris, comment sa famille a fui le fascisme sous Mussolini, son premier travail dans un abattoir à Cannes à l’âge de 13 ans et la chance qu’il a eu de ne jamais être mobilisé pour aucune guerre. Il me disait : « moi, je n’étais pas dans la moyenne classe, j’étais en dessous de la moyenne classe. » Il perd la mémoire, de nombreux AVC, parfois il pense que je suis sa femme, ma grand-mère. J’ai un souvenir d’hiver. Son corps était froid. Durant le tournage, j’avais en tête une phrase sans ponctuation, quelque chose qui tournait très vite : Qu’est-ce que l’on fait de nos morts on continue rester du côté des vivants essayez de rire.

Cette installation explore le rôle cathartique de la musique italienne des années 1940-60‭ ‬dans une expérience traumatique‭, ‬l’attente de la mort‭. ‬Durant 9‭ ‬mois‭, ‬j’ai filmé et accompagné mon grand-père‭, ‬Antoine Paltrinieri‭, ‬jusqu’à sa mort‭. ‬Immigré italien‭, ‬il me raconte sa jeunesse à Modène puis à Vallauris‭ ‬:‭ ‬sa famille qui a fui le fascisme sous Mussolini‭, ‬son premier travail à l’âge de 13‭ ‬ans dans un abattoir à Cannes et la chance qu’il a eu de ne jamais être mobilisé pour aucune guerre‭. ‬Il me disait‭ ‬:‭ «‬‭ ‬moi‭, ‬je n’étais pas dans la moyenne classe‭, ‬j’étais en dessous de la moyenne classe‭. ‬»‬‭ ‬Il perd la mémoire‭, ‬de nombreux AVC‭, ‬parfois il pense que je suis sa femme‭. ‬J’ai un souvenir d’hiver‭. ‬Son corps était froid‭. ‬Il me disait à propos des chauffages : « Tu es sûre qu’il y a du feu là-dedans ?» Durant le tournage‭, ‬j’avais en tête une phrase sans ponctuation‭, ‬quelque chose qui tournait très vite‭ ‬:‭ ‬Qu’est-ce que l’on fait de nos morts on continue rester du côté des vivants essayer de rire‭.‬ A la fin, cette image blanche de ma cousine, Morgane, avec un grand chapeau, on dirait une pleureuse qui rendrait presque la situation comique si ce n’était pas un enterrement. Cette installation vidéo porte sur la transmission, la vieillesse, le paradoxe entre la peur et l’envie de mourir. La musique ita­lienne est un motif récurant dans la mesure où c’était l’une des rares activités qui l’occupait et lui donnait envie de continuer de vivre. Au travers de ce projet de film, je me suis donnée le moyen de le revoir, de l’enterrer à ma façon et de commencer quelque chose d’autre dans la création, mes premiers pas dans le cinéma documentaire.

Antoine Paltrinieri, mon grand-père, août 2016, Cannes.

CONTACT

Sacha Rey

rey.sacha06@gmail.com

crédits

Logo Fragil : Sylvain Brillault
Design web : Julie Drnd

Felicità Goodbye Horses

18 juin au 10 juillet à Poush

6 boulevard du Général Leclerc, Clichy

 – gratuit, sur inscription

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