
Né en 1991 à Nice, vivant à Marseille, Sacha Rey est un artiste plasticien et performeur. Il a soutenu un mémoire de recherche sur sa méthodologie de travail, la « danse documentaire », à l’EHESS Paris. Sacha a utilisé cette méthode dans ses trois précédents films et installations : « But I’m a Cheerleader » qu’il a présenté dans une exposition personnelle lors du FID à Marseille et pour laquelle il a obtenu le prix Sud Émergence du festival OVNi en 2024 ; « To Wander So Many Miles in Vain » qui a été diffusé au cinéma du Réel en 2022 et « This Picture of You » avec lequel il a obtenu un diplôme des Beaux-Arts de Paris avec les félicitations du jury en 2019.
Ses œuvres filmiques et performances ont été diffusées dans des festivals et des expositions tels que : le Cinéma du Réel au Centre Pompidou (Paris, 2022), le festival du film d’Amiens (FIFAM, 2024), la Villette (Paris, 2023), la Villa Vassilieff (Paris, 2016), Bétonsalon (Paris, 2017), la fondation agnès b (Paris, 2023), le Générateur (Gentilly, 2017), le Festival Parallèle (Marseille, 2022), ainsi qu’au Stadtmuseum (Düsseldorf) et la Spiral Wacoal Art Center (Tokyo) en 2019.
Sacha a également été interprète en France, en Belgique et au Japon pour des chorégraphes et artistes plasticien·ne·s tel·le·s que : Jocelyn Cottencin, Matthieu Doze, Julia Droga, Emmanuelle Huynh, Jennifer Lacey, Hoang Lê, Yuko Mohri, Daniel Nicolaevsky, Clédat & Petitpierre, Rully Shabara, Nathalie Talec et Mélio Villemot. Vous pouvez visionner quelques extraits de son travail performatif ainsi que des performances auxquelles il a pris part en tant qu’interprète dans sa bande démo.
Born in 1991, in Nice, France, Sacha Rey is a visual artist and director who lives in Marseille. He develops a methodology that he calls “documentary dance” to create “an ode to the multiplicity and instability of identities”, (I.Alfonsi) in an attempt to respond to the silence of a hierarchical society. In this way, Sacha uses documentary and living arts to question the theatricalization of perception, rather than documenting “truths”. Sacha used this methodology in three previous video installation and short films: But I'm a Cheerleader, which he presented in a solo exhibition at the FID in Marseille and for which he won the Sud Émergence prize at the OVNi video art festival in 2024, To Wander So Many Miles in Vain, made during a master's degree at the École des hautes études en sciences sociales and screened at the Cinéma du Réel in 2022, and This Picture of You, for which he graduated with honors from the Beaux-arts de Paris in 2019.
Over the past years, Sacha has participated in group shows and film festivals including: Hetpaviljoen (Ghent, 2025), la Villette (Paris, 2023), la Villa Vassilieff (Paris, 2016), Bétonsalon (Paris, 2017), CAC Brétigny (Brétigny-sur-Orge, 2023), la fondation agnès b (Paris, 2023), le festival du film d’Amiens (FIFAM, 2024), le Générateur (Gentilly, 2017), le Festival Parallèle (Marseille, 2022), Hungry Eyes’Festival (2025 & 2022, Gießen) as well as Stadtmuseum (Düsseldorf) and at Spiral Wacoal Art Center (Tokyo) in 2019. Sacha has also performed in France, Belgium and Japan for choreographers and visual artists such as Jocelyn Cottencin, Matthieu Doze, Julia Droga, Emmanuelle Huynh, Jennifer Lacey, Hoang Lê, Yuko Mohri, Daniel Nicolaevsky, Clédat & Petitpierre, Rully Shabara , Nathalie Talec and Mélio Villemot.
Dans une perspective transféministe, je développe une méthodologie de travail que je nomme une « danse documentaire ». Les dispositifs filmiques que je conçois cherchent ainsi à interviewer les souvenirs physiques des participant·e·x·s. Ma pratique cinématographique se nourrit alors de l’éducation somatique, de « l’apprentissage de la conscience du corps en mouvement dans l’espace ». Au moyens des arts performatifs, de pratiques sportives ou de point de vue non-humains, mes films et performances s’attachent à créer une forme d’« empowerment » d’expériences minoritaires. Ayant la volonté de composer « une ode à la multiplicité et à l’instabilité des identités » (I.Alfonsi), je construis des dispositifs pour faire se rencontrer des symboles et des mondes, afin de questionner les représentations hégémoniques de l’histoire du cinéma. C’est pourquoi, je fabrique des métaphores visuelles, en réunissant des significations qui dans une pensée binaire pourraient être jugées antagonistes. La métaphore permet alors de créer de la surprise, de la disruption, une « ouverture brusque d’un circuit électrique. » 
Pour rester en mouvement, je crée des situations où l’improvisation occupe une place centrale. En utilisant cette méthode, je m’attache à filmer des personnes à partir de leurs savoirs corporels afin de résister à l’objectification des corps. La musique, la poésie et la danse permettent alors de représenter la capacité d’agir d’une personne. Au travers de mes films, j’essaye de m’interroger sur comment les représentations de violences intra-humaines au cinéma peuvent influer sur nos vies. J’élabore ainsi des stratégies visuelles offrant la possibilité à des personnes concernées de recevoir ces œuvres avec l’intention de ne pas réveiller leur mémoire traumatique. Je m’inspire des symptômes corporels pour les traduire dans ma manière de filmer : le flou de la dissociation, le dédoublement des réalités, le spectre et réminiscences des projections, des images avec du bruits, jamais nettes pour évoquer le trouble… Je tente de construire un cinéma qui relève de l’ordre de l’haptique, de rendre les images corporelles, pour donner envie de toucher l’image comme des sculptures avec qui l’on aurait le droit de danser. D’ailleurs mes installations vidéo composées d’impressions sur tissus, de ballons ou de t-shirts invitent au toucher.
Dans des œuvres immersives, je désire reconnecter les spectacteur·ice·s à leur propre corps. Iels peuvent alors être poussé·e vers leurs propres sensations et leurs propres luttes. Ma recherche plastique rejoint ainsi ces questions que posent la philosophe transféministe, Emma Bigé : « Qu’est-ce qui empêche les épidermes d’entrer en contact ? Comment la race, comment le genre, comment les sexualités et leurs exclusions entrent-elles en jeu dans les touchers que nous nous adressons ? Autrement dit qu’est-ce qui nous retient de nous toucher ? »
Sacha Rey
PROCESS (English)
From a transfeminist and an intersectional approach, I am developing a working methodology that I call “documentary dance.” The filmic devices I design seek to interview the physical memories of the participants. My filmmaking practice is informed by somatic education, or “learning about the awareness of the body moving in space.” Through performance arts, sports, and non-human point of view, my films and performances aim to empower minorities experiences. With the desire to compose “an ode to the multiplicity and instability of identities”(I. Alfonsi), I construct devices to bring symbols and worlds together, in order to question the hegemonic representations of film history. This is why I create visual metaphors, bringing together meanings that in a binary way of thinking could be considered antagonistic. Metaphor allows us to create surprise, disruption, a “sudden opening of an electrical circuit.” 
To keep moving, I create situations where improvisation plays a central role. Using this method, I strive to film people based on their bodily knowledge in order to resist the objectification of bodies. Music, poetry, and dance then allow me to represent a person’s capacity for action. Through my films, I try to question how representations of intra-human violence in cinema can influence our lives. I draw inspiration from physical symptoms and translate them into my filmmaking style: the blurring of dissociation, the doubling of realities, the specter and reminiscences of projections, images with noise, never clear, to evoke disorder... I try to construct a cinema that is haptic, to give the viewer the desire to touch the image as if it were a sculpture with which they have the right to dance. Moreover, my video installations composed of prints on fabric, balloons, or T-shirts invite touch.
In immersive works, I want to reconnect spectators to their own bodies. They can then be pushed towards their own sensations and struggles. My artistic research thus echoes the questions posed by transfeminist philosopher Emma Bigé: “What prevents skin from coming into contact? How do race, gender, sexualities, and their exclusions come into play in the way we touch each other? In other words, what keeps us from touching each other?”
" (...) Le travail de Sacha Rey – présenté par la compagnie en partenariat avec Coco Velten – cristallise parfaitement cet enjeu. Dans son court-métrage documentaire To Wander So Many Miles in Vain réalisé pendant le premier confinement de 2020 à Rio de Janeiro, l’artiste – diplômé·e des Beaux-Arts de Paris – suit la chanteuse Angelica De Paula, déclamant dans cette « ballade filmique » son quotidien de femme racisée dans le Brésil de Bolsonaro, alors englué dans une crise sanitaire ayant des répercussions dramatiques chez les communautés noires et pauvres. Cette vidéo nous saisit au vol, nous rappelant l’intrication de multiples crises n’ayant pas les mêmes répercussions d’un pays à l’autre, ni d’un corps à l’autre.  " Aphélandra Siassia, " LA RELÈVE 4 : une jeunesse artistique qui nous tient en éveil ", Manifesto.XXI, 1 février 2022.
" De manière expérimentale et très souvent collective, les performances de Sacha Rey rentrent en collision avec leurs regardeurs afin qu’ils se reconnectent : à leur corps, aux autres, à leur environnement. Les fluides entrent également en jeux : sueur et ocytocine circulent. Sa pratique est disruptive : elle coupe le quotidien, insère un hiatus dans la pensée. Lorsqu’elle se joue du langage, Sacha Rey utilise d’ailleurs la technique du cut up où l’on accole les phrases écrites par d’autres dans un collage sémantique frappant et/ ou humoristique. C’est à ce double mouvement que nous confrontent les oeuvres de l’artiste. Parfois, face aux violences faites aux femmes ou à celles des diktats contemporains, l’ironie forme une échappatoire. Pourtant, en réinsérant ces blagues, en introduisant un détour, l’artiste accède ici à la poésie engagée qui forme ses « biographies collectives ». Alors qu’il lui arrive de faire face à la mort et aux souvenirs que laissent derrière eux nos décédés, Rey s’extrait également de l’injonction au jeunisme et à la fuite en avant perpétuelle instaurée par la modernité. Alors qu’elle pratique l’épuisement de son corps lors de performances où les contraintes physiques sont aussi importantes que sa résistance impressionnante, ne met-elle pas en abyme la manière dont la société nous contraint ? " Charlotte Cosson & Emmanuelle Luciani, Catalogue des diplomé·e·x·s, Beaux-arts de Paris, 2019.
" Jeune artiste, performeuse arrivée des Beaux-arts d’Angers à ceux de Paris. Plus que la voix, la salive, (…) parfois habitée de personnages fictifs, de chanteuses réminiscentes d’un passé fantasmé, nous ne saurons à quoi nous attendre de ce qui débordera de gestes et de sons des lèvres bleutées d’un poltergeist." Eglantine Laval, curatrice de l’exposition "L’Idiot" au Générateur, Gentilly, 2017.
18 juin au 10 juillet à Poush
6 boulevard du Général Leclerc, Clichy
– gratuit, sur inscription